Une clé pour pénétrer dans le cabinet de curiosités de la classe de 503


Clef de cabinet au chiffre de Marie-Antoinette, 1770, Musée Le Secq des Tournelles, Rouen

Qui sommes-nous ?

Les auteurs, c’est nous, classe de 503, aidés par Monsieur Daquin, notre professeur d’arts plastiques, qui nous a guidés pour fabriquer la maquette que vous voyez en plein écran, et par Madame Ludwig, notre professeur de lettres, qui a insisté pour que nous devenions de « vrais » collectionneurs de Naturalia, Artificia, Exotica.

Nous pratiquons tous un instrument de musique, au sein de la classe dite « orchestre ». Pour nous y aider, notre professeur principal, Monsieur Pruede, enseigne justement la musique.

Vous pourrez d’ailleurs voir que nous avons marié dans nos productions deux arts majeurs, la musique et la poésie.

Nous aimons les voyages :

• Par l’imagination, d’abord, puisque nous avons étudié des textes en tout genre. Ceci nous a permis d’évoluer à travers les époques et les continents. Nous avons comparé des légendes, des mœurs, des techniques : l’étendue de nos programmes scolaires et des matières nous a permis de mieux connaître le monde et de nous fabriquer, avec les textes, les musiques, les images, une culture humaniste.
• Par le spectacle, car nous sommes allés trois fois au cinéma.
  Grâce au dispositif « Collège au cinéma », nous avons vu
  
  • un dessin animé, Fantastic Mr Fox,
  • un film qui parlait des progrès du cinéma : Le Cameraman,
  • un film cruel et tendre, qui évoquait l’enfance, Le Gamin au Vélo
• Par un vrai voyage, puisque nous sommes partis visiter en Haute-Normandie, la tapisserie de Bayeux, le château de Caen, l’abbaye aux Dames et la plage d’Arromanches.

Nous avons donc souhaité vous faire connaître nos trouvailles, nos étonnements et nos éblouissements que nous nous sommes efforcés de conter…
 

Sitographie et bibliographie pour bien connaître les Cabinets de curiosités

http://musee.louvre.fr/oal/cabinet/cabinet_acc_fr_FR.html Un site qui vous montre des meubles très décorés : de véritables œuvres d’art. http://pages.infinit.net/cabinet/ Un site très documenté, très précis, pour tout savoir sur l’histoire des cabinets.		Cabinet d'un particulier, Frans II Francken, 1625, Kunsthistorisches Museum, Vienne
http://www.evous.fr/Les-cabinets-de-curiosites-a-Paris,1176310.html Les cabinets de curiosités à visiter, en région parisienne. http://agoras.typepad.fr/regard_eloigne/cabinets_de_curiosites/ Un site très amusant qui vous présente comment les surréalistes se sont emparés du thème et l’ont revisité. http://histoire-des-arts.spip.ac-rouen.fr/IMG/pdf/Cabinets_de_curiosites.pdf Un site fait par des enseignants, très documenté, très accessible. Les livres consultés : Kenneth Nebenzahl, Atlas de Christophe Colomb et des Grandes Découvertes Umberto Eco, Vertige de la Liste Norbert Schneider, Les Natures Mortes Ce livre permet de retrouver dans des natures mortes qu’on nomme « Vanités » le thème du cabinet de curiosités, car on voit des quantités d’objets qui rappellent à l’homme que ça ne sert à rien de posséder, puisque l’important « est invisible pour les yeux »...

Inventaire de notre cabinet de curiosités

Une clé	Un petit désordre en forme de « Vanité » (c’est ainsi qu’on appelait les tableaux du XVIIème siècle montrant la vanité de l’orgueil humain)	Une liste d’objets	Un mode d’emploi	Quelques livres
Un morceau de la tapisserie de Bayeux	Le Graal	Une licorne	Un phénix	Une bague en or et jaspe ayant appartenu à la reine Iseult
Une aiguière en argent et cristal contenant un morceau (fondu) du palais de Glace	De la poudre explosive venue de Chine	Une plante carnivore	Un crâne d’homme ou de singe	Un iguane
Un chant en latin	Un crâne de tigre aux dents de sabre	Un Rémora	Une empreinte de tyrannosaure	Le portrait d’Ulysse
De la musique	Un coffre de pirates	Un vaisseau	Un tableau et de la poésie	Le frontispice de l’Encyclopédie
Trois cartes d’époques différentes I II III

Pour se fabriquer un cabinet de curiosités

Collectez, comme nos ancêtres, des objets qui vous plaisent, que vous trouvez beaux, qui racontent une histoire. Et si leur histoire s’est perdue, tant mieux, inventez-en une autre. Donnez-leur un nom qui donne envie de les connaître mieux, Puis rangez-les en grandes catégories : Que les choses de la nature soient nommées « naturalia » Que les pierres, cailloux, cristaux soient appelés « mineralia » Que ce qui vient des contrées les plus lointaines soit rangé parmi les « exotica » Que ce que la main de l’homme a produit soit désigné comme artificia. Puis disposez votre création sur une étagère, dans une vitrine, A l’abri de la poussière. Que leur nombre aille croissant ; Que des yeux étrangers les scrutent…

Cabinet de curiosités, anonyme, fin XVIIème siècle, Opificio delle Pietre Dure, Florence

Lieux pour se documenter, se distraire, s’instruire…

Plans pour une bibliothèque idéale (Yasmine et Laurine)

Dans ma bibliothèque, il y aurait des murs de galeries dorées qui soutiendraient des quantités de romans et de documents. On pourrait tout savoir sur le corps humain et la Vie.

Il y aurait aussi des romans qui font sortir l’imagination vers des pays étrangers et d’autres époques. Mais on pourrait lire des témoignages et des histoires racontant des choses difficiles, comme la guerre : les lecteurs se rendraient compte des difficultés de la vie.

Les murs seraient décorés avec des représentations venues des musées, comme celle de la Tapisserie de Bayeux, et on les changerait fréquemment pour que le dépaysement des lecteurs soit constant.

Il y aurait de grandes tables pour travailler et pour ouvrir plusieurs livres, sans avoir peur du désordre. Les gens auraient aussi de petites alcôves avec un fauteuil moelleux et des enceintes qui diffuseraient de la musique adaptée à leur lecture ; un ordinateur serait facilement utilisable et il y aurait une douce lumière qui ne blesserait pas les yeux.

J’aimerais que chacun des visiteurs pense que cette bibliothèque a été faite exprès pour lui.

Words in leather and wood, Trinity College Library, Dublin
Photo © Nic McPhee (Wikimedia Commons)
 

Artificia

La lettre au ministre : on a retrouvé le dernier pan de la Tapisserie de Bayeux ! (Estrella)

Mme Maïo, Conservateur du Musée de Bayeux 13 Rue de Nesmond 14400 Bayeux

Ministère de la Culture 3 rue de Valois 75001 Paris

Monsieur le Ministre, J’ai l’honneur de vous faire part d’une nouvelle extraordinaire dont je viens de recevoir la primeur aujourd’hui même par écrit. Le dernier morceau de la Tapisserie de Bayeux, perdu comme vous le savez depuis la Révolution, vient d’être retrouvé. Ce vestige vieux de presque 1000 ans va pouvoir enfin être complet. Une famille d’Ile-de- France qui emménageait a fait cette découverte en ouvrant un coffre laissé par l’ancien propriétaire, amateur d’art maintenant disparu. Celui-ci, dans une lettre, avait expliqué qu’il n’avait pas souhaité rendre publique son acquisition : peur de l’inévitable publicité qui allait le déranger ? Plaisir de garder pour lui seul ce trésor ? Le pan de tissu présente donc les éléments suivants brodés : Harold, le félon, est brûlé après la bataille qu’il a perdue ; ses cendres sont dispersées. Sa traîtrise est donc sanctionnée après sa mort et pour l’éternité. Guillaume est sacré roi d’Angleterre. Les Normands fêtent l’événement par un banquet : on les voit partager viandes et poissons et boire à la santé de Guillaume et de Mathilde. Les Normands rentrent chez eux, à Caen. Guillaume et Mathilde siègent sur leurs trônes respectifs. Ces scènes sont aussi hautes en couleur que le reste de la tapisserie et les détails du sacrement sont magnifiques : vous remarquerez le luxe de détails de la parure de Guillaume. L’authenticité du document ne fait guère de doute : vous constaterez que les bords des deux pans de tissu se rejoignent à la perfection. La famille m’a fixé son prix, à savoir 30 000 Euros. Je lui ai fait comprendre qu’il fallait qu’elle borne là ses ambitions : nous devrons encore payer des spécialistes en tissus anciens, ainsi que les laboratoires qui devront expertiser au carbone 14 et avec bien d’autres moyens les fils employés. Nous devrons bien sûr envisager l’agrandissement de mon musée, qui a dorénavant des dimensions trop modestes pour abriter la tapisserie toute entière. En réalité, tous ces frais seront bientôt couverts par l’afflux de visiteurs ; j’imagine que nous connaîtrons une augmentation de 30% des visites qui nous remboursera largement les frais engagés. Toute à la joie d’une nouvelle aussi extraordinaire, je vous prie, Monsieur le Ministre, de bien vouloir recevoir l’expression de mon profond dévouement,

E.Maïo, conservateur.

Le morceau manquant de la tapisserie de Bayeux, Estrella

Artificia

Le Graal (Laszlo et Sara)

Une petite coupe repose dans l’immense grotte. On entend le son cristallin de la cascade qui coule parmi les rochers.

Comme cette coupe est richement ornée ! Elle est recouverte d’or, et pourtant elle a l’air transparente . Elle est sertie de diamants de la plus grande pureté. Des symboles y sont gravés et tout invite le voyageur à venir admirer de plus près cette pièce d’orfèvrerie.

Mais qu’il prenne garde car la grotte est gardée par de terribles vigies : nombreux sont les pauvres chevaliers qui perdirent la vie en tentant de posséder le bel objet magique et sacré. Des sirènes-fées gardent la cascade et parviennent à séduire les guerriers imprudents de leurs chants : les malheureux se noient, charmés par leurs hymnes mélodieux, asservis par les savantes magies et par la mortelle sorcellerie. Les chevaliers connaissent bien le danger mais on dirait que celui-ci renforce leur besoin d’aller constater la beauté de la coupe unique et sacrée. Elle donne en effet à celui qui la conquiert guérison et même immortalité. On prétend qu’elle ressuscite un mort, si on fait couler entre les lèvres de celui-ci quelques gouttes de son contenu.

De tous les chevaliers de la Table Ronde, seul l’envoyé du roi Arthur, Perceval, est parvenu à la toucher et il a ainsi accompli sa quête.

On appelle cet objet merveilleux le Graal.

(source : www.histoire.fr, émission Chasseurs de trésors)

Artificia

La Licorne (Naomi, Tatiana et Sarah)

Une nuit de pleine lune, alors que nous chevauchions dans la forêt Robuste, nous avons vu une chose admirable.

Une magnifique jument de couleur blonde, éblouissante, semblait irradier de la lumière comme une torche et elle éclairait les alentours. Sa crinière était blanche avec des reflets d’or brillant. Son regard bleu azur était si envoûtant que nous avons dû baisser les yeux. Elle avait la grâce et la finesse des plus belles cavales. Elle restait immobile, sans crainte et nous l’admirions, fascinés. Quand elle a tourné la tête, nous avons vu qu’elle portait au milieu du front une corne qui s’affinait en s’allongeant.

Mais mon compagnon, tout ému, ne s’était pas aperçu qu’il tenait avec force un buisson de ronces épineuses qui lui avaient meurtri la main ; la licorne s’approcha doucement de lui et versa une larme sur sa blessure.

Bientôt la plaie se referma, le sang arrêta de couler, comme si une magie venant du merveilleux animal avait éloigné le mal et la souffrance. Puis elle s’élança et elle disparut dans la forêt.

Jan Jonston, historiae naturalis (source : fbecuwe.free.fr)

Artificia

Le Phénix (Naomi)

C’était par une nuit glaciale, avec une pluie battante, que nous avons trouvé une grotte en guise de refuge. Au fond, dans l’ombre sinistre, une torche s’enflamma : quelle main inconnue l’avait allumée ?

Or la lumière et les flammes venaient d’un oiseau fabuleux, coloré, mais dont l’envergure semblait ployer sous l’effort. Il avait l’air très fatigué. Son bec pointait vers le sol. Nous avons reconnu un phénix qui atteignait un âge avancé : il mourait de vieillesse.

Nous assistions par hasard à une mort et à une renaissance en même temps, car sitôt l’animal réduit en cendres par auto-combustion, nous vîmes un émouvant oisillon, tout fragile, qui n’avait plus rien de terrible.

Phénix, Bestiaire d'Aberdeen
(Wikimedia Commons)

Artificia

L’anneau de jaspe vert d’Iseult (Chloé et Myriam)

Regardez attentivement cet anneau d’or, orné d’une pierre de jaspe vert. La pierre est gravée d’un dragon et elle a le merveilleux pouvoir de changer de couleur lorsque la personne qu’on aime de fin’amor est malade ou en grand péril.

C’est le vaillant Tristan qui l’a offerte à la blonde Iseult, après qu’ils ont bu ensemble le terrible breuvage : celui-ci les a rendus éperdument amoureux, mais aussi parjures à leur seigneur. Par ce pouvoir magique et maléfique, le gentil chevalier Tristan a trahi son oncle Marc, et la chaste épouse du roi a trompé son époux.

Ils ne cessent par la suite de se retrouver en secret, puis de se quitter à cause des menaces qui planent sur eux. À chaque fois, Iseult consulte avec inquiétude la couleur et l’aspect de son anneau : Tristan est-il en train de souffrir des tourments ourdis par les félons, ou se languit-il de male mort ?

Mais Tristan, navré dans un combat sur une terre étrangère, tombe malade. Iseult, dans sa chambre, voit l’anneau changer de couleur : elle s’inquiète. Un ami de Tristan, Kaherdin, joue le rôle d’intermédiaire entre les amants. Voici Tristan au plus mal : il fait guetter la nef à la voile blanche qui amènera Iseult et Kaherdin. Mais la jalouse épouse de Tristan prétend que la voile est noire : comme jadis Égée guettant le retour de son fils chéri, Tristan est persuadé que cette voile est un sinistre présage. Il se pâme, il meurt !

L’anneau au doigt d’Iseult s’est brisé : elle est arrivée trop tard au chevet de Tristan et c’est un mort qu’elle enlace. A son tour elle le rejoint dans l’éternité.

Anneau plat en or et chaton discoïde en jaspe vert, art parthe, 1er siècle
(source : theswedishparrot.com)

Artificia

Le Palais de Glace et l’aiguière de cristal (Servane)

En 1302, je partis en voyage vers une destination jusque là inconnue. Une seule idée en tête : découvrir le monde et ses merveilles. Lundi 1er juillet Premier jour en mer, la mer emporte le bateau vers le Nord. Il n’y a que de l’eau à perte de vue. Mardi 2 juillet J’aperçois au loin un bout de terre, mais je veux continuer mon voyage encore plus loin. Mercredi 3 juillet Le bateau est pris dans une tempête.

Photo www.picstopin.com

Date inconnue En me levant j’ai aperçu un désert de glace. Au loin j’ai repéré une grotte gigantesque et plus je me rapprochais, plus ça me paraissait immense et d’une telle beauté que j’en laissai couler une larme. Quand je suis enfin arrivé et que j’ai pénétré à l’intérieur, j’ai été saisi par la beauté de ce que j’ai appelé depuis le palais merveilleux. Au fond il y avait des stalactites et des stalagmites. La salle faisait au moins quinze pieds de large et vingt pieds de haut : c’est sans doute la plus vaste salle que j’aie jamais vue. Le soir les aurores boréales se reflétaient sur les murs de glace. Quand je regardais par terre je pouvais voir la mer et les animaux sous-marins comme si la place était transparente. J’ai remarqué des traces de griffes sur le sol, ce qui indique qu’un ours avait s’en doute élu domicile ici, mais cela ne m’a pas inquiété plus que ça. Mes yeux ne savaient plus où regarder, j’imaginais ce palais en salle de fête, il y aurait de la danse, du chant et des musiciens : ce serait parfait. J’ai entrepris d’aménager cette salle qui a beaucoup de potentiel, à part quelques fissures sur le mur de droite à gauche, la pièce est dotée d’une surface immense et d’une grande luminosité. Et puis il y a le charme de voir sous la glace. A titre de preuve de ce que j’avance, j’ai préleé un morceau du mur, mais il a fondu et je l’ai conservé sous une forme liquide, comme vous pouvez le constater d’après cette aiguière de cristal…

Artificia

L’histoire d’une mystérieuse poudre noire venue de Chine (Cédric et Kevyn)

Je suis un compagnon de Marco Polo dont l’histoire ne retiendra probablement pas le nom…

Mais laissez-moi vous raconter comment je fus témoin d’un spectacle aussi terrible que magnifique. Alors que nous étions les hôtes du grand Khan à Cambaluc, autrement dit Pékin, nous vîmes que les serviteurs du palais portaient avec de grandes précautions de petites quantités d’une poudre noire, qui, à première vue, nous sembla bien inoffensive.

Or, la nuit suivante, nous fûmes réveillés par des détonations très effrayantes : cherchait-on à détruire une maison ? Sortant à la hâte de nos appartements, nous assistâmes à une danse de feux blancs et or, suivie d’une pluie d’étincelles : le ciel semblait éclairé de l’intérieur, pour la plus grande joie des spectateurs. La poudre que nous avions vue la veille avait produit une immense puissance, une fois enflammée !

Nous avons décidé de rapporter de cette substance dans notre bonne République de Venise… mais qui sait quel usage nos concitoyens en feront ? Et s’il venait à certains l’idée d’en faire une arme de guerre ?

Feu d'artifices sous Louis XVI
(source : www.pyragricnordest.fr)

Exotica

La plante carnivore (Sarah, Lilia et Soukaïna)

On trouve des plantes carnivores de très grande taille dans les forêts exotiques, comme la jungle de Coaris.

La Dévorante Gloutonne (devorans manducator, en latin) se caractérise par une tige vert sombre, épaisse comme le bras d’un homme et élevée de 3 à 8 pieds de haut.

Elle est garnie d’épines acérées et sa fleur unique dégage une odeur nauséabonde qui attire les insectes et les petits mammifères qu’elle mange avec rage. Il semble d’ailleurs qu’elle ne peut croître que si elle se nourrit de viande crue. Si vous tentez de couper un rameau, un sang vermeil comme celui d’un enfant se met à couler. Elle peut être classée parmi les plus dangereuses espèces du règne végétal : il faut s’en approcher le moins possible. On rapporte qu’un explorateur trop curieux aurait eu les doigts broyés par un specimen particulièrement développé !

« Le Nerprun », P.-J. Buc’hoz, Plantes de Nancy
© Bibliothèque municipale de Versailles / Jean-Marc Manaï
 

Naturalia

Crâne de singe ou crâne d’humain ?

J’étais dans la jungle.

En quittant notre campement, j’ai découvert un crâne.

La trouvaille n’était pas en soi extraordinaire : les ossements d’animaux sont nombreux dans les zones tropicales.

Mais ce qui m’a frappé, c’est que j’ai dû longtemps l’observer pour savoir s’il s’agissait d’un reste humain ou animal : les mêmes dents, la même boîte crânienne, la même taille pour les yeux.

Je l’ai retourné. Depuis combien de temps gisait-il ici ? D’où venait-il ? Devais-je l’enterrer par respect dû à un humain ou le laisser retomber en poussière ?

Et puis je me suis posé une question à laquelle je n’ai toujours pas trouvé de réponse : qu’est-ce qui vraiment fait la différence entre un homme et un grand singe ? La parole, seulement ?

Et si ces primates ne pouvaient tout simplement pas parler ? Est-ce que ça voudrait dire qu’ils réfléchissent peut-être ?

Le crâne de l'Australophithecus sediba
(© Brett Eloff/Lee Berger-Université du Witwatersrand)

Exotica

L’iguane (Léa)

Ce reptile ressemble au caméléon, mais il ne change pas de couleur. Cependant, selon les régions, sa teinte peut aller du vert au rosé, voire bleuâtre ou même orangé ! Sa queue est caractérisée par des anneaux noirs. On le trouve en Amérique centrale et en Amérique du Sud.

Il porte une crête hérissée de piquants de la tête au milieu du dos, et un jabot de peau lui descend du cou jusqu’aux pattes. Un adulte peut mesurer de 1.5 à 2 mètres du bout du museau à l’extrémité de la queue.

Cet animal est arboricole, c’est-à-dire qu’il passe le plus clair de son temps dans les arbres, à se nourrir de feuillage.

Malgré son apparence monstrueuse, il ne se montre véritablement agressif que pour ses congénères en période de reproduction. Les femelles pondent une fois par an, mais se désintéressent complètement de leurs petits dès l’éclosion des œufs.

(source : www.maximumwallhd.com)

Le saviez-vous ?

D’où vient le NOM des notes ?

Hymne à Saint Jean Baptiste

UT QUEANT LAXIS Que tes serviteurs chantent RESONARE FIBRIS d’une voix vibrante MIRA GESTORUM les admirables gestes FAMULI TUORUM de tes actions d’éclat. SOLVE POLLUTI Absous des lourdes fautes, LABII REATUM de leurs langues hésitantes SANCTE JOHANNES nous t’en prions, saint Jean. (source : divineprovidence.e-monsite.com)   Un moine toscan, Guido d’AREZZO, a utilisé au XIème siècle les premières syllabes de chaque vers de ce chant grégorien, un hymne des vêpres, pour donner un nom à chaque note de l’octave. Mais la syllabe UT, ne se terminant pas par une voyelle, était difficile à chanter. C’est pourquoi on la remplaça par le DO de DOMINUS (maître, Dieu en latin). C’est comme cela que fut constitué l’alphabet musical des pays latins. La septième note, SI, ne reçut son nom qu’au XVI ème siècle, grâce à un moine français, par la contraction du S de SANCTE et du J de JOHANNES, qu’on prononce I.

Exotica ?
Artificia ?

Le Tigre à dents de sabre (Lylian)

Si mes lecteurs ne veulent pas croire mon histoire extraordinaire, je leur pardonne d’avance. Moi aussi, je me demande parfois si je n’ai pas imaginé ma rencontre avec un félin venu du fond des âges !

Mais le crâne qui figure dans notre cabinet est bien réel, alors…

Moi, Pascal de Castord, j’étais parti en qualité de naturaliste dans les recoins encore inconnus de l’Amazonie. Après bien des jours de marche et des étapes épuisantes, je me trouvai face à face avec un félin immense au pelage ocre. Il mesurait au moins 10 pieds et atteignait bien 2 coudées au garrot ; mais c’étaient ses grandes dents jaunes et pointues, recourbées comme des poignards, qui m’effrayèrent le plus : un bond de trop et leurs 10 pouces acérés allaient me transpercer, pour me dévorer certainement…

Une seule question me hantait : avait-t-il DEJA mangé ?

C’est un Indien, tapi dans le feuillage d’un wacapou, qui l’abattit d’une flèche : je vis l’animal tournoyer avant de s’abattre avec des rugissements de douleur. Je fus partagé entre la tristesse de voir s’éteindre une bête aussi magnifique, et le soulagement aussi d’éviter un destin fatal…

Crâne de Smilodon fatalis, disparu depuis 10000 ans
(Wikimedia Commons)
 

Exotica

Le Rémora (Samy, Maximilian, Boubaker et Ricardo)

Marins en partance pour les Caraïbes, nous nous trouvions dans une situation périlleuse : pas de vent ; les voiles pendaient désespérément et nous nous demandions si nous n’allions pas finir par périr de faim, perdus au milieu du vaste océan.

Il nous fallait donc pêcher, mais impossible de descendre la chaloupe : des requins à la gueule sinistre patrouillaient. Par surcroît, la pluie de mousson qui commençait à s’abattre ne nous facilitait pas la tâche !

Nous lançâmes donc nos filets du bastingage : tout l’équipage y mit du sien, mais la récolte fut maigre.

Un poisson argenté de deux coudées s’agitait sur le plancher du pont ; mais cette créature ne ressemblait à rien de ce que connaissent les pêcheurs ! Il n’avait pas de nageoire dorsale, mais un disque muni de lamelles, fait pour s’attacher à une surface par succion. Il avait l’air très dangereux et un marin qui s’approcha pour le toucher eut le bras littéralement siphonné par l’horrible bouche.

Un vieux marin de notre équipage, qui avait lu Pline l’Ancien, nous raconta même que ces poissons sont capables d’arrêter la course d’un navire et de causer sa perte. Caligula aurait ainsi trouvé la mort parce que ces horribles bêtes, en se fixant à la quille de son navire, ralentissaient sa fuite à la bataille d’Actium !

Par la suite, une fois le péril évité, nous arrivâmes sur les terres de Sauvages qui nous ont expliqué qu’ils utilisent les Rémoras pour capturer les grandes tortues de mer : comme ceux-ci se fixent solidement sur la carapace des tortues, il suffit d’attacher une ligne à la queue du poisson pour tirer en même temps les deux animaux marins…

Source : informations-documents.com

Naturalia

Sur les traces d’un tyrannosaure… à la manière de Jules Verne (Estrella et Servane)

Un jeune homme et son oncle arpentent une forêt antédiluvienne. Or des ossements de créatures préhistoriques jonchent le sol. Et si ces lieux étaient l’habitat naturel de monstres encore vivants ?

Au sortir de la forêt, nous arrivâmes sur une vaste plaine parsemée de rochers. Une brise faisait voler de la poussière un peu partout. Nous devions être proches d’un point d’eau car je percevais le clapotis d’une eau qui s’écoulait. Nous nous approchâmes et nous vîmes, ma parole, un triceratops !

Il dormait. Je m’approchai, tandis que mon oncle préférait observer l’animal d’un peu plus loin. Je touchai sa large crête, je sentis ses longues cornes sous mes doigts : elles étaient, je l’avoue, un peu acérées. Je m’accroupis près de lui et j’effleurai son bec de mon doigt : ses yeux s’ouvrirent et se tournèrent vers moi. C’étaient de grandes sphères marron, globuleuses à souhait ! Loin de manifester de l’agressivité, il flaira ma main, ce qui encouragea mon oncle à s’approcher à son tour.

L’animal s’en prit à mon sac ; j’en sortis un biscuit que je lui offris pour lui signifier mes intentions pacifiques. En moi-même je mesurais ma chance : j’avais bien devant les yeux un animal disparu de la surface de la Terre depuis des siècles ! Je sortis un carnet et j’entrepris de fixer par un croquis chaque petit détail de cet énergumène.

Je réussis enfin un assez beau moulage d’une empreinte de sa patte que j’ai gardé pour le montrer aux incrédules.

Collection privée du Collège Henri Sellier
Département de Sciences
 

L’homo viator est heureux comme Ulysse

Le thème de l’Odyssée, dont nous connaissons les moments de bravoure, n’est pas la gloire d’un héros ; c’est le retour mouvementé d’un héros. Il traverse des lieux bizarres et fabuleux, on lui propose l’inimaginable pour un humain : l’immortalité et la jeunesse éternelle.

Or Ulysse préfère une vie de mortel réussie à une vie d’immortel ratée.

La boucle se ferme avec le retour à Ithaque qui guérit de la nostalgie : Ulysse est bien le héros du nostos,le retour au foyer. Il a retrouvé la chaleur de l’âtre et ses droits de maître de maison.

Mais vous, croyez-vous vraiment qu’Ulysse n’a jamais été tenté de reprendre la mer sur un vaisseau incertain, après avoir si bien appris à connaître la nature humaine ?

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup davantage ? Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine : Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la doulceur angevine. Joachim Du Bellay

Au seul souci de voyager Outre une Inde splendide et trouble - Ce salut soit le messager Du temps, cap que ta poupe double Comme sur quelque vergue bas Plongeante avec la caravelle Ecumait toujours en ébats Un oiseau d’annonce nouvelle Qui criait monotonement Sans que la barre ne varie Un inutile gisement Nuit, désespoir et pierrerie Par son chant reflété jusqu’au Sourire du pâle Vasco. Stéphane Mallarmé

L’écolier J’écrirai le jeudi j’écrirai le dimanche quand je n’irai pas à l’école j’écrirai des nouvelles j’écrirai des romans et même des paraboles je parlerai de mon village je parlerai de mes parents de mes aïeux de mes aïeules je décrirai les prés je décrirai les champs les broutilles et les bestioles puis je voyagerai j’irai jusqu’en Iran au Tibet ou bien au Népal et ce qui est beaucoup plus intéressant du côté de Sirius ou d’Algol où tout me paraîtra tellement étonnant que revenu dans mon école je mettrai l’orthographe mélancoliquement Raymond Queneau

Portrait d'Ulysse, Léonard Limosin, émail sur cuivre (1564), Musée National de la Renaissance au château d'Écouen

Un récit de vie

Ma première audition de musique (Gonçalo)

Les Anges Musiciens, Van Eyck, 1432 Cathédrale Saint Bavon, Gand

Le 21 mai, à 17 heures, j’ai passé mon premier examen de batterie au Conservatoire de Suresnes. Après les cours qui se terminaient à 16 heures, je suis rentré chez moi. J’ai préparé avec soin mes baguettes. Je suis parti au Conservatoire, voisin de la mairie. J’ai frappé, on m’a dit d’entrer : je redoutais de me tromper dans l’exécution de mon morceau. Pourtant je l’avais bien préparé. Mon professeur m’a invité à m’asseoir ; je tremblais de peur. Une pianiste professionnelle m’accompagnait. Dans la salle il y avait également un batteur professionnel pour donner les notes. Même le directeur du Conservatoire était venu ! J’ai joué le morceau « Chronocroches ». La peur m’a quitté dès que j’ai entamé le morceau : j’étais à l’aise, satisfait et heureux. J’ai achevé le morceau et les professeurs m’ont demandé de sortir : de nouveau la peur revenait.

Ils ont délibéré cinq minutes avant de me déclarer : « C’était très bien, tu as joué un peu trop vite mais, pour une première année de batterie, c’est très encourageant. Nous t’attribuons un 17 ! ». Puis je suis rentré et j’ai encore été félicité par ma famille.

Artificia

Un coffre de pirates (travail de groupe - mutualisation des compétences)

Entre le rêve de partir sur un vaisseau à l’aventure et les difficiles conditions de navigation que j’endurais avec mes moussaillons, il y a un monde que je m’empressai de découvrir à mes dépens !

Les précédentes expéditions avaient été des échecs, et Sa Majesté m’envoyait en qualité de corsaire autorisé spécialement par « lettre de course » à partir enquêter pour retrouver la trace des équipages et de leurs bâtiments disparus.

Deux mois de navigation pour rien : nous affrontions les tempêtes mais, perdus sur l’interminable océan, il n’y avait toujours aucune terre en vue. Le navire commençait à souffrir et des voies d’eau obligeaient le charpentier de bord à travailler sans relâche.

Le capitaine était perplexe : son air inquiet montrait bien que malgré de nombreuses tentatives, il n’arrivait ni à faire le point ni à se repérer…

Enfin un cri s’éleva du mât : « Terre, Terre en vue ! ». Après tant d’épreuves, nous avions enfin trouvé une île, et j’envoyai plusieurs marins la découvrir. Malheureusement elle était de petites dimensions et semblait peu hospitalière : quasiment peu de bêtes et de rares points d’eau douce.

L’humeur redevint morose, jusqu’au moment où une petite équipe rapporta un objet qui suscita l’intérêt de notre communauté : c’était un coffre en bois de chêne sculpté très sombre, bien usé mais solide encore. Cela nous prit beaucoup de temps de l’ouvrir. Une exhalaison de pourriture sortit de la boîte, désagréable et un peu âcre.

Ce qui ne nous empêcha pas de pencher la tête avec espoir, et notre curiosité fut récompensée : il y avait des instruments de navigation, une boussole, un compas et un astrolabe, tous marqué de la fleur de lys caractéristique de notre terre de France.

Nous retirâmes aussi de grosses pépites d’or ; je n’en avais jamais vu d’aussi grosses, elles avaient la forme de petites éponges. Il y avait même des pierres brutes dont l’éclat rappelait celui du diamant. D’autres étaient des escarboucles, comme dans le contes….mes hommes dansaient de joie en imaginant leur future richesse.

Mais qu’est-ce qui prouve que nous saurons rentrer un jour au pays, et que notre coffre ne sera pas découvert par d’autres navigateurs au milieu de nos squelettes desséchés ?
 

A la manière de Blaise Cendrars (Samy, avec la participation de Cédric)

Vaisseaux Vaisseaux qui naviguez dans la mer profonde, Vaisseaux qui volez dans l’éther, Vaisseaux qui cheminez dans nos corps, Vaisseaux qui enveloppez nos cœurs Vaisseaux sincères qui dépassez les limites, Vaisseaux uniques, vous savez bien des histoires. Vaisseaux de vainqueurs ou vaisseaux de perdants, Vaisseaux triomphants ou vaisseaux échoués, Vaisseaux qui emportez des souvenirs, des bagages, Vaisseaux spatiaux équipés d’objets géniaux, Je suis avec vous un pirate, un conquérant, un héros. Terre lointaine Terre lointaine Terre lointaine qu’on distingue à peine en mer Terre lointaine qui se cache et qui veut rester encore inconnue Terre lointaine qui ne veut pas se laisser explorer, Terre lointaine verte, immobile, muette, ou bien Terre lointaine sèche, mouvante, agitée par les alizés, Terre lointaine qui nourrit en son sein un volcan, Tu as disparu derrière la poupe de mon navire.

Caravelle issue d'un manuscrit italien (source : www.encyclopirate.com)

Blaise Cendrars, notre source d’inspiration poétique

Iles Iles Iles lles où l’on ne prendra jamais terre Iles où l’on ne descendra jamais Iles couvertes de végétations Iles tapies comme des jaguars Iles muettes Iles immobiles Iles inoubliables et sans nom Je lance mes chaussures par-dessus bord car je voudrais bien aller jusqu’à vous Blaise Cendrars, Feuilles de route, 1924

Paul Gauguin, Femmes de tahiti ou Sur la plage (1891) Musée d'Orsay

Aube A l'aube je suis descendu au fond des machines J'ai écouté pour une dernière fois la respiration profonde des pistons Appuyé à la fragile main-courante de nickel j'ai senti pour une dernière fois cette sourde vibration des arbres de couche pénétrer en moi avec le relent des huiles surchauffées et la tiédeur de la vapeur Nous avons encore bu un verre le chef mécanicien cet homme tranquille et triste qui a un si beau sourire d'enfant et qui ne cause jamais et moi Comme je sortais de chez lui le soleil sortait tout naturellement de la mer et chauffait déjà dur Le ciel mauve n'avait pas un nuage Et comme nous pointions sur Santos notre sillage décrivait un grand arc-de-cercle miroitant sur la mer immobile

Les illustres descendants des cabinets de curiosités : image du frontispice de l’Encyclopédie

Les Musées Le terme “Musée” apparaît dans la langue française au XIIIe s, adapté du latin musaeum “grotte consacré aux Muses » , lui-même emprunt latinisé au grec mouseion, dérivé de musa, “lieu consacré aux Muses”, spécialement “temple des Muses sur le Parthénon”, également « lieu où l’on s’adonne aux arts littéraires ». (source : Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d’Alain Rey). Le sens moderne de musée “lieu de conservation et d’étude de collections artistiques et scientifiques” se forme peu à peu de la Renaissance au siècle des Lumières. Les humanistes du XVIe, en renouant avec l’Antiquité redécouvrent les chefs d’oeuvre du passé et en particulier la statuaire antique. Les riches familles aristocratiques se livrent à une compétition de collections privées et autres cabinets de curiosités. Ces riches collectionneurs cherchent, en fait à reconstituer, dans l’enceinte de leur cabinet un microcosme, objet de méditation et de contemplation. Ce goût pour la curiosité se répand très largement au XVIIe s et va entrer en résonance avec la volonté de vulgarisation propre aux Lumières. François Ier est le premier roi de France à constituer un « cabinet de tableaux », c'est-à-dire une collection de peintures de chevalet non liées à la décoration des demeures royales et pouvant être exposées indépendamment

Frontiscipe de l'Encyclopédie (Wikimedia Commons)

Le dernier quart du XVIIIe s voit l’éclosion européenne du musée : les musées publics se forment à partir de collections princières (La Galerie des Offices est ouverte au public à Florence à la fin des années 1780). L’Encyclopédie doit beaucoup aux cabinets, qui sont ses « ancêtres ». L'encyclopédie de Diderot et d'Alembert portait un projet incroyable, celui de faire la somme des savoirs humains, un peu comme les cabinets, mais les savants de XVIIIème siècle font beaucoup progresser les classements : ils ont une démarche plus scientifique que « curieuse », et au lieu de chercher le bizarre, l’inouï, ils recherchent la Vérité dans un projet de progrès de l’humanité.

Orbis terrarum

La carte en T (Servane)

Carte en T et en O (source : cartes.orientation.free.fr)

La carte en T est rythmée par la religion : les gens du Moyen-Age voyaient Jérusalem comme le centre du monde. Dans cette carte-ci, on voit l’univers bleu foncé constellé d’étoiles dorées ; un cercle rouge vif entoure la Terre, elle-même cerclée d’un autre cercle bleu clair, avec des nuages. Finalement, cela ressemble assez aux différentes couches de l’atmosphère comme on peut les étudier actuellement avec les progrès de la science ! La terre est délimitée par trois zones : la plus importante en haut, figure l’Asie, habitée par son ancêtre Sem, fils de Noé. En-dessous, il y a à gauche l’Europe, avec Japhet et l’Afrique à droite avec Cham. Les personnages qui rappellent la Bible sont disproportionnés par rapport aux éléments plus réalistes du décor : des royaumes de couleur claire, avec l’arche de Noé échouée en haut d’une colline, des villages plus petits que les personnages et des forêts qui semblent minuscules. On comprend bien que l’intérêt de cette carte n’est pas d’aider les voyageurs à se repérer, mais elle est là pour dire que le monde est une création de Dieu et que tout s’organise religieusement : c’est donc un dessin symbolique. Il permet aux gens de reconnaître que leur foi guide l’univers entier.

Orbis terrarum

L’Europe, centre des cartes au XVIème siècle

Ce qui est fascinant, c’est la précision, la luminosité et la beauté de la représentation de l’Europe, mais aussi de l’Afrique et de l’Asie : tous les détails du dessin des côtes nous amènent à dire que ces continents étaient connus et inventoriés, parce que l’exploration était liée à une utilité économique.

Pour la toute récente Amérique, on voit que le trait des contours est plus hésitant : le voyageur a du mal à guider la main du géographe : les peuples et les terres sont encore mal connus.

Mais bientôt des traités et des partages vont donner aux cartes la responsabilité de montrer quels sont les royaumes qui ont fait des conquêtes et qui possèdent le plus de « terrae incognitae ».

Carte du monde dressée par Martin Waldseemüller en 1507
C'est la première mappemonde sur laquelle apparaît le nom "America"
(source : Library of Congress, memory.loc.gov)

Orbis terrarum

La Terre vue de satellite

Grâce aux moyens scientifiques d’aujourd’hui, la Terre est surveillée, espionnée en permanence par des satellites qui nous informent de la météo, ou de la disparition de la banquise.

Nous pouvons constater de nous-mêmes, par la technologie, à quoi ressemble le monde, et cela nous donne des responsabilités. Comme le dit un spationaute : « En regardant autour de moi, je compris que même s’il y a des guerres, nous sommes tous liés par une même chose : notre monde. »

La Terre en 2004 vue du satellite environnemental Envisat (© ESA)

Arrière-plan : Dame à la licorne, tapisserie fin XVème siècle, 3,77m x 4,73m, Musée National du Moyen Âge, Paris

1 Clef de cabinet au chiffre de Marie-Antoinette, 1770, Musée Le Secq des Tournelles, Rouen 2 Cabinet d'un particulier (détail), Frans II Francken, 1625, Kunsthistorisches Museum, Vienne 3 Photomontage Marie-Sophie Ludwig 4 Cabinet de curiosités (détail), anonyme, fin XVIIème siècle, Opificio delle Pietre Dure, Florence 5 Words in leather and wood (détail), Trinity College Library Dublin, © Nic McPhee (Wikimedia Commons) 6 Extrait du Morceau manquant de la tapisserie de Bayeux par Estrella 7 Coupe (source : www.histoire.fr, émission Chasseurs de trésors) 8 Licorne (source : fbecuwe.free.fr) 9 Phénix, Bestiaire d'Aberdeen (Wikimedia Commons) 10 Anneau plat en or et chaton discoïde en jaspe vert, 1er siècle (source : theswedishparrot.com) 11 Aiguière (source : www.picstopin.com) 12 Poire à poudre noire (source : www.leblogdejadis.fr) 13 « Le Nerprun » (détail), P.-J. Buc’hoz, Plantes de Nancy © Bibliothèque municipale de Versailles / Jean-Marc Manaï 14 Le crâne de l'Australophithecus sediba (© Brett Eloff/Lee Berger - Université du Witwatersrand) 15 Iguane (source : www.maximumwallhd.com) 16 Ut queant laxis, détail (source : divineprovidence.e-monsite.com) 17 Crâne d'un tigre à dents de sabre (smilodon), photo © iStockphoto 18 Remora (source : informations-documents.com 19 Collection privée du Collège Henri Sellier, Département de Sciences 20 Portrait d'Ulysse, Léonard Limosin, 1564, Musée National de la Renaissance au château d'Écouen 21 Les Anges Musiciens (détail), Van Eyck, 1432, Cathédrale Saint Bavon, Gand 22 Coffre en chêne mouluré et sculpté, travail français, vers 1600 (source : www.pillet.auction.fr) 23 Caravelle (source : www.encyclopirate.com) 24 Femmes de tahiti ou Sur la plage, Paul Gauguin, 1871, Musée d'Orsay 25 Frontispice de l'Encyclopédie (Wikimedia Commons) 26 Carte en T et en O (source : cartes.orientation.free.fr) 27 Carte du monde, Martin Waldseemüller, 1507 (source : Library of Congress, memory.loc.gov) 28 L'Europe vue du satellite NOAA16 le 25 mars 2003 à 12h40 UTC, détail (© Météo France)